L e t t r e d ‘ i n f o r m a t i o n
n ° 1 – P r i n t e m p s 2 0 0 9
Association Bouddhique
L e c h e m i n e t l e f r u i t d u
T h é r a v a d a
Namo Tassa Bhagavato Arahato Sammā Sambuddhassa
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Ceci est la première lettre d’information de l’Association Magga Phala (loi 1901).
Magga Phala signifie « le chemin et le fruit », et a été créée en Novembre 2008. Á l’origine il y a l’initiative du moine Dhamma Sami, et le projet d’un monastère en France capable d’accueillir convenablement les bhikkhu (moines). L’association a pour but la pratique, l’étude, et la transmission du Dhamma, l’Enseignement de Bouddha selon la tradition des anciens, le Théravada.
Nous souhaitons bienvenue aux premiers adhérents, qu’ils puissent bénéficier des fruits bénéfiques du Dhamma.
Arles le 24 Mai 2009, Le président
Le mot d’Amine
(Co-fondateur de l’association et webmaster du forum « mettâ »)
La participation de chacun dans cette association à pour but de nous faire progresser ensemble et plus surement vers cet objectif commun qu'est la Libération. Libération des conditions mentales, Libération du monde samsârique, libération tout court. Ce chemin qui a été redécouvert par Bouddha est une invitation à tourner son regard vers l'intérieur pour observer avec attention la réalité et y déceler tant intellectuellement qu'intuitivement ces ultimes caractéristiques; ce chemin c'est aussi l'abandon des caractères malsains et le développement des qualités saines et efficaces. Bouddha louait la valeur de l'effort personnel dans le développement de la discipline morale et de la culture mentale, et permettait à tous ceux qui le souhaitaient de voir le monde avec l'œil de la sagesse.
Puissiez-vous réaliser magga phala, le chemin et le fruit dans cette vie même.
Avec mes meilleurs souhaits et mettâ.
* * * * Nouvelles du Sangha * * * *
Aux dernières nouvelles, le vénérable Dhamma Sami continuait sa retraire intensive au « Pa'auk meditation center » (à cote de Mawlamyine dans l'état Mon en Birmanie) ou il développe samatha avec anapana sati. (la concentration profonde avec l’attention au souffle).
Connaissant l’intérêt que le vénérable porte à la vision pénétrante (vipassana), nous pouvons prédire qu’il se consacrera également à cette méthode. Il est prévu qu’il y reste jusqu’au mois d’Octobre (et ensuite ?)
Au Refuge (près d’Aix-en-Provence) : Ajahn Metta. Vendredi 5 Juin à 19h30 et Samedi 6 et dimanche 7 Juin 2009 de 9h30 à 18h.
Les deux journées se partagent entre l’enseignement, la méditation guidée et les séances de questions-réponses
« Comment les impressions des sens influencent notre relation au monde ».
http://www.refugebouddhique.com/
Association Bouddhique Magga Phala
Pour devenir adhérent, contactez nous (chèque de 12€, à l’ordre de L’Association Magga Phala).
Membre adhérent : 12€
Tarif réduit : 8€
Membres bienfaiteurs : 100€
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Toutes les bonnes volontés sont bienvenues pour faire avancer ensemble ce projet. Avec metta.
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Le Dhamma pour les laïcs (par Pierre Langlais)
Introduction :
Au moment de l’éveil de Bouddha, il y a un peu plus de 2500 ans en Inde, de nombreux courants philosophiques et religieux étaient à l’œuvre, fait d’ascètes, de samanas (renonçant errant) et de brahmanes, qui parcouraient le pays et conversaient sur la nature de la réalité. Ils discutaient entres autres, du karma (actions), de l’univers, de l’existence ou non de l’âme, de la renaissance… que la plupart admettaient déjà comme une réalité.
Contrairement aux idées reçues, Bouddha n’a pas enseigné le Bouddhisme, il a enseigné le Dhamma, les choses telles qu’elles sont. Le terme dhamma (sanskrit : Dharma) possède plusieurs sens, il peut signifier les « choses », la Réalité, la nature des phénomènes, et l’Enseignement de Bouddha, la Loi, la Doctrine, la Vérité, etc. Ainsi le Dhamma de Bouddha est la réalisation d’un homme qui a cherché à mettre un terme aux maux qui accablent les êtres et qui a trouvé par lui-même l’éveil parfait, ce qui se révèle être la solution à l’errance sans fin dans le samsâra (cycle des existences). Il montre d’abord les choses tangibles : Il y a la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Puis les choses qui semblent imperceptibles au premier abord : Les actions intentionnelles engendrent des conséquences équivalentes à leur nature (bénéfique ou néfaste), ceci dans cette vie (et dans les suivantes, mais il n’est pas essentiel de croire à la renaissance) ; toutes les choses que l’on peut voir, toucher, et sentir sont soumises à un changement permanent. Les choses sont de ce fait sans-substance, ce changement et cette non-substance sont sources d’insatisfaction. Ainsi Bouddha dira pour résumer son Enseignement : « Je n’enseigne qu’une chose, ô disciple, dukkha et la cessation de dukkha* ». (Dukkha : Insatisfaction, souffrance, illusion du soi, mal-être due aux conditionnements et aux changements incessants).
Le Dhamma comprend habituellement quatre parties : L’éthique (Sila), la générosité (Dana), le développement mental (Samadhi) et la sapience (Panna). Il existe deux façons de suivre la discipline Bouddhique, la première par le renoncement au monde mondain qui est celle des moines (bhikkhu), et celle du disciple laïc. Ce dernier respecte cinq préceptes, non pas parce que c’est imposé par un « Dieu », mais parce qu’il comprend par lui-même l’intérêt de ces principes de vie en société. Les actes nobles sont gages de fruits nobles, et ceux-ci sont la base pour procéder au contrôle de l’esprit (samadhi). Un « Bouddhiste » est quelqu’un qui comprend le message de Bouddha et prend refuge en lui –en tant qu’être parfaitement éveillé, il prend refuge dans le Dhamma –en tant qu’Enseignement de la Réalité, et prend refuge dans le Sangha – la communauté des moines et disciples éveillés, exemple vivant de l’Enseignement.
Si l’on trouve dans le Bouddhisme un peu de ce que chacun ajoute ou enlève, lorsque l’on évoque le Dhamma, il s’agit de l’Enseignement de Bouddha ou Réalité. Celui qui commence à s’intéresser au Bouddhisme en général, se trouve face à une masse d’informations souvent contradictoires. Alors, pour accéder à l’essence du message de Bouddha, il est nécessaire de faire la part des choses et de discerner clairement les croyances de l’essentiel. Comme partout, on trouve des éléments rajoutés qui relèvent des folklores, des cultures, mais le véritable message, clair et profond, permet d’éviter de ce fait les « égarements religieux ». Ce qui nous intéresse dans le Theravada (voie des anciens) c’est d’avoir comme référence la source même des Enseignements, c’est-à-dire la parole du Bienheureux. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir accès aux Enseignements les plus essentiels, qui sont contenus dans le Canon Pali. Cette vaste littérature, transmise d’abord fidèlement oralement par les moines, fut mise par écrit -dans la langue même de Bouddha, un siècle environ avant notre ère. Elle se destine donc principalement aux « renonçants » (bhikkhu), mais rapporte de nombreux enseignements délivrés aux auditeurs laïcs, puisque Bouddha dialogua et exposa sa discipline durant quarante-cinq années à toutes sortes de personnes.
Le Dhamma des laïcs :
Parmi les principaux messages que Bouddha exprime aux laïcs, il y a le « Kâlâma-sutta », qui se révèle être une prescription face à l’autorité religieuse passé (et présente). Il se résume ainsi : Un clan distingué de personnes, les Kâlâmas, font part à Bouddha de leur incertitude religieuse et philosophique face aux nombreux religieux et maitres qui prônent diverses opinions, -l’influence du Véda étant déjà importante à cette époque. Bouddha leur demande de ne pas se laisser guider par ce qu’ils ont entendu dire, ni par des exposés ou par des traditions religieuses ou des maitres, juste parce qu’ils font autorités. Cependant, il leur demande si, lorsque l’avidité apparaît chez quelqu’un, elle apparaît pour son bien ou son mal. De même avec la haine, l’égarement, et l’impétuosité, ce que les Kâlâmas reconnaissent comme étant des tendances mentales mauvaises qui conduisent au malheur lorsqu’on les met en pratique. Pareillement, ils s’accordent pour dire que l’absence d’avidité, de haine, d’égarement et d’impétuosité, que de telles qualités mentales sont bonnes et apportent le bonheur lorsqu’elles sont mises en pratique. « Lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses sont défavorables, que telles choses blâmables sont condamnées par les sages, et que, lorsqu’on les mets en pratique, ces choses conduisent au mal et au malheur, alors, à ce moment-là, abandonnez-les. »
Il leur enseigne ensuite les bénéfices de la mise en œuvre de la bienveillance, de la compassion, de la joie altruiste et de l’équanimité. Nulle croyance n’est exposée, il s’agit de bon sens, de qualités morales et de sagesse.
Une fois que la conduite est saine, le disciple peut s’établir dans la vigilance et l’attention. Et se confronter avec l’instabilité de l’esprit pour l’amener vers la concentration et le calme mental, préalable à l’expérience directe. Il s’agit donc en pratique de contempler le corps et le l’esprit, d’observer les mécanismes conditionnant du désir, de développer l’attention dans la méditation. Il en résulte la vision pénétrante de l’impermanence, de l’absence de choses existant en soi, et de l’insatisfaction incessante en découlant, caractéristiques de toutes les choses conditionnées.
Les disciples Occidentaux qui ont accès au cœur de l’Enseignement seront peut être surpris de voir qu’en Asie, beaucoup de Bouddhistes ne s’intéressent qu’à une pratique « superficielle », visant une meilleure renaissance. Néanmoins, et bien que ceci puisse ressembler à de la superstition, accumuler des mérites est déjà une bonne pratique en soi. Il est important de comprendre autant que possible, la masse de misère que l’attachement aux objets, aux jugements, aux opinions, fait naitre et accumuler sans cesse. Commençons par regarder honnêtement sa propre situation face aux vérités énoncées par le Dhamma, cette « chose » qu’enseignait Bouddha, cette chose visible de tout temps, car elle est la nature même des phénomènes.
« Le Bouddha nous dit de prendre conscience du Dhamma ici même. Le Dhamma est ici même, nous devons regarder ici même. Votre Maître vous dira peut-être de regarder le Dhamma dans les livres, mais si vous croyez que c'est vraiment là qu'il se trouve, vous ne le verrez jamais. Après avoir lu les livres, il faut rediriger les enseignements vers l'intérieur. Alors, vous pourrez les comprendre. Où se trouve le véritable Dhamma ? Ici même, dans ce corps et dans cet esprit qui sont tout ce que vous possédez. Utilisez l'esprit pour contempler le corps. Telle est l'essence de la pratique de la contemplation. » (Ajahn Chah – Les quatre Nobles Vérités)
Parmi les enseignements destinés aux laïcs se plaisant dans la vie de foyer, nous trouvons le Vyagghapajja-sutta, dans lequel Bouddha enseigne les facteurs utiles pour le bien-être et le bonheur d’un « fils de famille » : L’acquisition de la vivacité, l’acquisition de la prudence, l’acquisition d’une bonne amitié, et le maintien d’une vie équilibrée. Il expose ensuite comment ne pas dilapider la richesse acquise, et évoque pour finir quelles sont les vertus qui permettent au fils de famille de trouver le bonheur dans cette vie même et au-delà de cette vie même : L’acquisition d’une confiance sereine (dans le Bouddha- Dhamma - Sangha), l’acquisition de la vertu (par le respect des cinq préceptes de base), l’acquisition d’un caractère généreux, et l’acquisition de la sagesse (par la vision pénétrante de la réalité, vipassana). Ainsi la voie de la purification des impuretés mentales est présentée comme l’enseignement ultime, le réel accomplissement du Dhamma.
Le plus grand bienfaiteur du sangha du temps de Bouddha était Anâthapindika. Négociant très riche, il donna un parc au sangha (le parc de Jeta), et fit construire un monastère. Il était toujours présent pour s’occuper du bien-être des moines dont il aimait la compagnie, en particulier celle du Bienheureux. Il reliait son quotidien à l’Enseignement. Cependant, bien que les bhikkhu soient une grande source d’inspiration, « un disciple laïc fervent devait entretenir le souhait de devenir comme Citta et Hatthaka, alors qu’un bhikkhu fervent devait aspirer à devenir l’égal de Sâriputta et de Mahâmoggallâna. Les modèles proposés sont différents. Un pratiquant laïque n’a pas à prendre exemple sur un bhikkhu, mais sur un disciple laïque ; et un bhikkhu ne doit pas choisir pour modèle un disciple laïque, mais un bhikkhu. Moines et laïcs vivent de façon tout à fait différente ; l’exemple issu de l’environnement qui nous est propre est nécessairement plus efficace. » (Hellmuth Hecker - Les grands disciples de Bouddha -Tome 2, p.242.)
Il est donc le plus souvent demandé aux disciples de comprendre les méfaits des actions néfastes, de ce fait de respecter les cinq préceptes : « Un noble disciple s’abstient de tuer, de prendre ce qui n’est pas donné, d’avoir un comportement sexuel incorrect, de mentir, d’absorber des toxiques (alcool, drogues) provoquant la torpeur. » Le rôle d’un disciple laïc est également de soutenir le Sangha, de procurer aux moines les 4 nécessités (nourriture, vêtement, santé, logement). C’est une implication essentielle pour la survie du Dhamma. L’auditeur peut également respecter l’uposatha –jours d’observance lunaire, quatre fois dans le mois, durant lesquels il observe les huit préceptes. Bien sûr un disciple se doit d’être loyal et sincère envers les autres comme envers soi-même ; grâce au Dhamma il possède un éventail de vertus et d’aptitudes à développer, ceci jusqu’à la Libération complète de l’esprit. Bouddha engage ainsi ses disciples laïcs : « Faites le bien autour de vous, évitez les mauvaises actions, purifiez votre esprit.» (Dhammapada 183) Et c’est à chacun de faire le chemin.
Les embûches sur la voie :
Au cours du cheminement de disciple, plusieurs problèmes peuvent surgir et rendre le chemin ardu. Il y a d’abord la contradiction entre le non-attachement prôné par le Dhamma et l’attachement du monde des sens et aux choses matérielles dans lequel nous évoluons, qui peut sembler insurmontable. Une première solution consiste à mettre en pratique dana, le don, pour se détacher des choses matérielles, et pour trouver le bonheur dans la générosité. Pour ce qui est des « plaisirs sensuels », le disciple verra les bienfaits de la modération et du contentement, lesquels sont hautement loués par les sages. Toute la théorie que nous pouvons côtoyer dans les suttas et textes –les hautes réalisations spirituelles, le code monastique, etc. peut nous éloigner de notre propre parcours et réalité sensitive. La conception intellectuelle est limitée, la pratique amène à la compréhension immédiate et juste des choses. Pour acquérir une certaine sagesse nous devons pratiquer, ce qui veut dire : s’asseoir et méditer. Le Dhamma n’est pas un idéal, la sagesse est une réalisation qui se connecte au « monde ordinaire ». Chaque avancée sur le sentier va de pair avec un équilibre de facteurs. Eviter les excès, cultiver la patience, ceux qui commencent persévèrent et se défont de l’ignorance -celle qui consiste à croire en un « moi » réel et permanent. Grâce à l’attention et à la respiration, que ce soit au quotidien ou en méditation, nous nous relions directement aux sensations et à la pratique du Dhamma, en ayant de plus en plus conscience des conditions en nous. C’est à ceci que les maitres nous encouragent le plus souvent. « La sagesse consiste à voir clairement son ignorance. Il ne s'agit pas ici de connaître la sagesse, mais bien plutôt d'utiliser la sagesse pour connaître notre ignorance ! » (Ajahn Tiradhammo – La joie dans la pratique spirituelle)
Le disciple qui souhaite passer à la vitesse supérieure trouvera le temps et la motivation nécessaire pour se lancer dans l’aventure d’une retraite intensive, garantie d’un progrès spirituel intérieur. Il pourra ainsi rencontrer les rares bhikkhu et nonnes vivants en France où se déplacer à l’étranger dans les pays du Theravada (Sri Lanka, Thaïlande, Birmanie, Cambodge, Laos), ou encore dans un monastère tel celui d’Amaratavi en Angleterre, rattaché aux moines de la forêt.
Bouddha dit : « La plus importante chose qui soit dans la vie est de se débarrasser du sakkâya ditthi*, qui entraîne sans cesse les êtres dans le tourbillon continuel des naissances et des morts qu’est le samsâra. »
*Sakkâya ditthi : croyance erronée qui consiste à concevoir la personnalité. (Sayâdaw Jatila – Enseignements sur vipassana)
Il se peut aussi qu’en tant que disciple laïc cheminant sur la Noble voie, la Doctrine du dhamma touchant profondément le cœur, le germe du renoncement éclose et porte ses fruits…
« Il se trouve qu'une personne laïque courageuse peut accomplir beaucoup tout en demeurant dans la vie de famille ; ceux qui se sentent directement inspirés par le Dhamma vont naturellement éprouver une attirance vers la vie de renonciation. Quand notre foi est profonde, quand on sent que seul un don total au Dhamma est valable, l'appel de la robe safran devient irrésistible. En tant que moine ou nonne, on trouve des avantages dont un laïque, même privilégié, ne bénéficie pas : chaque moment de notre vie jusque dans ses régions les plus intérieures, est régie par l'entraînement ; nous avons le loisir et la possibilité de profiter d'une étude et d'une pratique intensive. Nous pouvons nous vouer totalement au service du Dhamma. » (Bhikkhu Bodhi)
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